Suscitant admiration ou dégoût, les chauves-souris sont de nouveau sur la sellette, à la faveur de la pandémie de Covid-19 qui est apparu en décembre 2019.
Responsable, mais pas coupable… La chauve-souris est bien à l’origine de l’épidémie de Covid-19, confirme le virologue de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) Eric Leroy. Mais même si on trouve beaucoup de coronavirus chez les chauves-souris il faut voir que toutes les espèces animales ont cependant été à l’origine de maladies et d’épidémies chez l’Homme dans les mêmes proportions, insiste le scientifique. Puis en France, il y a aucun risque de transmission de ce virus entre les chiroptères et l’homme.
Un quart des espèces de mammifères sont des chiroptères. Contrairement à ce qui est observé chez l’homme, la chauve-souris ne se débarrasse pas d’un virus, mais vit avec: elle le maintient à bas niveau, s’en servant à la manière d’un vaccin permanent. Taxon parmi les plus anciens au sein des mammifères (les chiroptères sont apparus il y a 60 à 70 millions d’années), elles ont donc largement eu le temps de coévoluer avec les virus, dont les coronavirus.
Face à de tels obstacles immunitaires, les pathogènes se voient forcés d’évoluer vers plus de virulence. Ce qui, lorsqu’ils s’échappent vers d’autres mammifères moins bien armés immunologiquement, les rend plus redoutables qu’ils ne le sont chez les chiroptères.
LA DESTRUCTION, SOTTISE CONTRE-PRODUCTIVE
Objet d’un regain de désamour, les chauves-souris font les frais de la bêtise humaine. Exemple au Pérou, en mars, où une colonie de chauves-souris a été attaquée dans une ville du nord du pays, dans le but d’enrayer la maladie. Ou encore aux Etats-Unis, où des citoyens s’enquièrent des moyens de détruire les chauves-souris, croyant ainsi lutter contre la Covid-19.
Selon Alexis Lécu, directeur scientifique du Parc zoologique de Paris, « le problème c’est la destruction des habitats naturels par l’homme. S’en prendre aux chauves-souris pour enrayer la Covid-19, c’est le contraire d’une bonne action : c’est même le genre d’action qui entraîne toujours un retour de balancier. Il faut surtout mettre fin aux marchés où l’on met en contact plusieurs espèces sauvages, et qui créent des chaînes de transmission épidémiologique qui n’existent pas dans la nature ».
Attaquées par l’homme, les chauves-souris « vont trouver un autre endroit où gîter, mais vont subir un stress, qui affaiblit leur système immunitaire. Elles ont plus de chances d’être malades, et donc d’excréter du virus », renchérit Sébastien Puechmaille.
Le chercheur souligne par ailleurs les nombreux services écosystémiques joués par les chiroptères. Pour les insectivores, ils permettent de lutter contre les ravageurs de cultures et les insectes vecteurs de maladies ; quand aux frugivores, ils sont très efficaces pour disperser les graines, souvent à grande distance, et participent grandement à la pollinisation.