Situé au-dessus de l’étage subalpin où l’on pouvait encore voir des arbres, surtout des conifères, l’étage alpin n’a plus qu’une végétation basse. C’est l’étage des pelouses et donc des estives qui modèlent le paysage.
Dans cette zone qui va de 2200m à 2800m sur le versant nord (ubac en terme générique, ombrée dans les Pyrénées) et de 2400m à 3000m sur le versant sud (adret en terme générique, soulane dans les Pyrénées), la période de végétation ne dépasse guère 2 mois et la température moyenne annuelle est inférieure à 3°.
Les pelouses sont constituées d’herbes multiples qui dépassent rarement 30 cm de hauteur. Dès l’arrivée du printemps, elles foisonnent de quantité de fleurs aux couleurs éclatantes et aux parfums généreux qui attirent les insectes pollinisateurs.
Elles sont le plus souvent exploitées par les troupeaux domestiques et les ongulés sauvages comme source de nourriture.
Les effets conjugués du froid intense, des alternances gel-dégel, des vents violents, de la mobilité des versants, de la durée inégale de l’enneigement amènent un morcellement du tapis végétal : la végétation est dite en mosaïque.
Les plantes, qui ne disposent que de quelques semaines pour se développer, fleurissent presque toutes en même temps.
C’est donc à des contraintes climatiques particulièrement sévères que sont soumis les êtres vivants de cet étage, ils ont trouvé des stratégies variées pour y résister.
Certaines plantes ont une tige très réduite et ramifiée, les feuilles sont petites, elles prennent alors la forme caractéristique de coussinets dont la surface se couvre de fleurs aux couleurs vives.
Par contre le système racinaire est très développé permettant ainsi un bon ancrage au sol pour résister aux vents violents ou aux terrains instables, et fournissant une grande surface d’absorption.
La forte luminosité de ces zones d’altitude élevée favorise l’assimilation du carbone par les plantes et donc une surproduction de sucres. Cela présente 2 avantages :
– une synthèse plus active des pigments colorés permettant aux fleurs d’être mieux repérée par les insectes pollinisateurs,
– une concentration en sucres («antigel») rendant les organes plus résistants au gel.
D’autres plantes profitent des rochers pour s’abriter.
Cet étage alpin possède quand même ses arbres : Outre quelques rares pins à crochets, les saules nains de 1 à 2 cm de haut, qui se fixent dans les anfractuosités puis tapissent les rochers.
Un tronc de 7mm peut être âgé de 40 ans !
Dans les combes à neige, où la neige ne fond pas aussi vite qu’ailleurs, des plantes comme les élégantes soldanelles (ci contre), se préparent déjà sous le manteau neigeux et se déplient dès la fonte.
D’autres plantes encore résistent à la sècheresse (sur les rochers exposés au vent et au soleil par exemple), en faisant des réserves d’eau, concentrée en sel, dans leurs feuilles très charnues comme les plantes succulentes (joubarbe, orpin), ou en retenant la rosée dans les nombreux poils qui recouvrent leurs feuilles (anémone pulsatile, edelweiss…)
Presque toutes les plantes de l’étage alpin sont vivaces et se développent d’année en année. La période de végétation très courte ne permet qu’à de rares plantes annuelles (5%) de boucler leur cycle.
Criquets et sauterelles animent ces pelouses de leurs stridulations.
Dans les pentes, les éboulis, les rochers on peut voir et entendre les traquets motteux (migrateurs), les pipits spioncelles, les accenteurs alpins… et aussi les troupes de chocards à bec jaune ou de craves à bec rouge.
Le lièvre variable, le lagopède alpin, reliques de l’époque glaciaire, sont parfaitement adaptés à la vie en haute montagne en hiver : plumage ou pelage très dense et isolant devenant blanc et couvrant les pattes.
Les marmottes qui creusent leurs terriers dans ces pelouses, se dépêchent d’accumuler des réserves de graisse pendant l’été afin de pouvoir hiberner dans leur terrier rempli de foin lorsqu’une épaisse couche de neige recouvre tout pendant le long hiver. Leur cri strident signale la présence du “guetteur” chargé de surveiller l’approche éventuelle de l’aigle, leur prédateur.